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Petite causerie pédagogique
Aujourd’hui, le bonheur à l’école.
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Voilà quelques temps que je m’interroge sur l’adéquation qui existe entre l’enfant qui devient élève. Un élève est avant tout un enfant et ne se débarasse pas de cet état en franchissant les portes de l’école.Ce qui arrive plus souvent, c’est que l’Ecole oublie ce fait et par là -même installe les conditions de sa déception : ils apprennent mal, ils ratent, ils n’écoutent pas,… Le tort principal, je crois, est qu’alors l’Ecole éloigne l’ enfant et ne garde que l’élève.
Intrigué, je suis allé lire ce que d’autres en disaient. C’est Alain et ses « propos sur le bonheur » qui, cette fois-ci, m’a aidé.
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« Qu’il est difficile d’être content de quelqu’un ! » Cette sévère parole de La Bruyère doit déjà nous rendre prudents. Car le bon sens veut que chacun s’adapte aux conditions réelles de la vie en société, et il n’est point juste de condamner l’homme moyen ; c’est folie de misanthrope. Donc, sans chercher les causes, je me garde de considérer mes semblables comme si j’étais un spectateur qui a payé sa place et qui veut qu’on lui plaise. (Alain, Propos sur le bonheur, LXXI)
Voilà peut-être une piste intéressante. Les enfants, devenus élèves, devraient être vus comme des semblables par les enseignants. Ainsi, ils ne seraient plus considérés comme des poissons rouges dans un aquarium, mais bien comme se frayant un chemin dans le même cours d’eau. Quant au cours d’eau, et bien, on pourrait considérer qu’il s’agisse du bonheur. Car, il s’agit bien de la question principale, bien plus importante que de savoir accorder un participe passé : il faut chercher à être heureux. Et l’école devrait prendre cette tâche à bras le corps, dans le cadre bien sûr qui est le sien, à savoir faire apprendre. Ce matin, une enfant disait à haute voix : « Je voudrais qu’on fasse de la géométrie tous les jours. J’arrête pas de me tromper, mais c’est génial! » Je crois qu’elle était heureuse. Pas seulement comme élève, aussi comme enfant. Pas en faisant tout et n’importe quoi, en apprenant.
En continuant la lecture d’Alain, je suis tombé sur cette proposition :
On devrait bien enseigner aux enfants l’art d’être heureux. Non pas l’art d’être heureux quand le malheur vous tombe sur la tête ; je laisse cela aux stoïciens ; mais l’art d’être heureux quand les circonstances sont passables et que toute l’amertume de la vie se réduit à de petits ennuis et à de petits malaises. (Alain, Propos sur le bonheur, XCI)
Il me semble que l’école pourrait être un endroit où des enfants malheureux, pour quelques raisons que ce soit, puisse goûter au bonheur. Elle s’appellerait une école résiliente. Ce serait quand le malheur vous tombe sur la tête . Il me semble aussi que l’école pourrait permettre d’être heureux quand les ciconstances sont passables. Elle s’appellerait une Ecole. Une vraie!
A méditer
JFM
PS : je crois que trouver un papillon vert fait partie des circonstances « passables ». Vous en aurez bientôt des nouvelles…
Merci……tout simplement