La Maison des Enfants
Apprendre en Solidarité à Buzet, BE
Petite causerie pédagogique n°39
Categories: Actualités

Aujourd’hui, être heureux à l’école.

Liminaire

Ce texte a été commencé en début de semaine passée et continué aujourd’hui. La semaine passée, c’est un événement dramatique en France qui me guidait. Aujourd’hui, c’est l’absence des enfants à l’école qui continue à le faire

Être heureux à l’école ? Quelle drôle d’idée ! D’autant que dans les représentations du commun des mortels, l’école n’est pas faite pour y être heureux, mais bien pour y travailler. N’entend-on pas  très souvent : «  Travaille bien et sois sage ! », mais beaucoup plus rarement « Apprends bien et sois heureux ! ».

Pourtant, après des lectures nombreuses et variées sur ce qu’est ou devrait être l’école, j’en suis arrivé à la conclusion que le seul objectif raisonnable et louable de cette dernière est de rendre heureux ceux qui la côtoient.

D’ailleurs, début de semaine passée, deux plus jeunes sont venus montrer aux aînés les magnifiques pages qu’ils avaient rédigées en matinée. Leurs regards et sourires ne trompaient pas : ils étaient heureux. Trois autres sont venus me demander de placer des élastiques sur des masques qu’ils avaient réalisés eux-mêmes. Pas de doute, ils étaient heureux. Et cet état fut contagieux, car dans l’heure qui suivit, ce sont une quinzaine d’enfants qui me demandaient d’effectuer la même opération.

Plus tard, avec des élèves plus âgés, nous avons proposé de réaliser des livres illustrés pour les maternelles. Au départ, une histoire de Bernard Friot à étoffer, agrémenter et transformer. Tous à la tâche, j’ai pu observer leurs binettes. Ils étaient heureux ! Heureux de faire mais aussi à la perspective de présenter leurs productions aux enfants de maternelle. Le moment des présentations arrivé, j’étais impressionné par la concentration et le calme de l’assemblée. Les petits avaient les yeux rivés sur les pages qui se succédaient et les oreilles en pleine activité. Au bout de trois histoires, sur les six réalisées, j’ai pris la décision d’arrêter l’activité. Par trop grande prudence, je venais de briser le charme de la rencontre. Les enfants n’ont pas manqué de rouspéter. A raison !

Par souci de gestion du temps et par peur de les voir se lasser, j’ai stoppé le processus du bonheur à partager autour d’une tâche commune. Honte sur moi…

Ceci étant écrit, le lecteur attentif aura identifié que, dans le cas qui nous occupe, être heureux à l’école ne signifie pas faire tout ce qui passe par la tête et encore moins n’importe quoi. Le bonheur à l’école se nourrit du franchissement d’obstacles acceptables, de l’investissement dans des tâches porteuses de possibles satisfactions, de réalisations permettant une certaine fierté, de prises de pouvoir sur les éléments. En d’autres termes, le bonheur à l’école apparaît quand il est possible d’effectuer des tâches en ayant le sentiment de découvrir le monde et de partager ses découvertes. Donc, je pense que, contrairement aux apparences, les mots « heureux » et « école » peuvent se conjuguer. A condition bien sûr que ces rimes soient quelque peu surréalistes, comme parfois notre pays d’ailleurs ! Conjuguer «Être heureux à l’école » demande aussi une grande attention au temps utilisé ! En effet, il ne résiste pas à l’impératif !

A méditer et à partager avec qui vous voulez.

JF Manil

Le bonheur est contagieux. Ce qui enchante un enfant, c’est le milieu dans lequel il baigne. Si vous souhaitez son bien-être, travaillez à vous rendre heureux.

Boris Cyrulnik

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1 Comment to “Petite causerie pédagogique n°39”

  1. Saskia dit :

    Merci pour le bonheur des enfants et, par extension, le nôtre !

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