Petite causerie pédagogique
Aujourd’hui, apprendre jusqu’au 23 décembre.
Hier, Sarah est allée à la visite médicale avec les plus jeunes. En revenant elle m’a fait part de la conversation qu’elle avait eue avec le chauffeur du car. Ce brave homme a pris l’initiative de venir s’asseoir auprès des enfants dans la salle d’attente. Il s’embêtait dans son car et pressentait, j’imagine, qu’il y aurait plus de raisons de s’amuser à l’intérieur.
A son retour, Sarah a témoigné de la surprise du bonhomme, étonné de voir des enfants en activité d’apprentissage, alors que « je ne fais plus que des trajets vers les cinémas et les piscines depuis cinq jours »… Au même moment, les aînés avaient le choix entre écrire ou réaliser une machine qui produise un mouvement. Onze enfants se sont engagés dans l’écriture avec le souci évident de bien faire et le sentiment palpable de grandir. Les autres se sont acharnés à construire deux machines très complexes et ont sauté de joie quand leur fusée s’est élevée à au moins….70 cm du sol.
Les moyens, entre autres, témoignaient de leur bonheur d’avoir pu présenter leurs exposés sur un animal peu connu et d’avoir pu « apprendre plein de choses aux autres. »
A quoi cela tient-il ? Les enfants qui fréquentent la Maison des Enfants sont-ils extraordinaires ? Oui, ça nous le savons et l’avons déjà écrit. Mais ni plus ni moins que tous les autres. Ce qu’il y a, je pense, c’est que les enfants n’aiment pas les choses simples et que la complexité rend plus intelligent chacun d’eux, chacun de nous, à son niveau. Je partirai de l’activité « Ecrivez mieux que moi » pour m’expliquer. Au départ, une phrase ou quelques mots simples, très simples. Le défi est de réécrire de manière complexe, beaucoup plus complexe. Mais le niveau de complexité n’est pas fixé à l’avance, ce qui permet à chacun d’y répondre avec l’occasion d’évoluer. De plus, pas de comparaison entre les productions. Evidemment qu’il y a des rédacteurs plus sensibles, plus aguerris, plus pointus que d’autres, mais comparer ne ferait qu’éteindre très rapidement l’engagement de ceux qui cherchent à s’exprimer et s’améliorer. De plus, cela ne permettrait en rien aux premiers de continuer à évoluer. Le secret se dévoile avec le temps : au début, la production de certains enfants se résumait à trois phrases ; hier, un de ces enfant a produit trois pages. Pas les plus belles du monde, pour un jury, mais les plus belles du monde pour lui…et pour moi ! Un autre a rédigé 6 phrases. Il n’en fallait pas plus. Tout était dit. Tout ça le 22 décembre.
J’affirme donc que cela devrait être similaire dans toutes les écoles : faire réfléchir à des problèmes complexes et ce jusqu’au 23 décembre. C’est une question « d’intelligence publique ». Et j’ajouterai, au risque de faire grincer des dents, que c’est aussi une question de sécurité publique, car, sur la place Saint Lambert, si beaucoup d’écoles n’avaient pas enfreint les lois de manière éhontée, la situation aurait été différente ! Et là, c’est la colère qui parle.
A méditer et à partager avec qui vous voulez.
JF Manil
Comment ne pas admirer cet art d’entraîner avec soi les enfants à ne pas se satisfaire de notions élémentaires en les mettant en appétit pour taquiner sans crainte les réalités plus complexes?
Quoi de mieux que protéger avec délicatesse leurs performance dans ce cheminement supprimant soigneusement la compétition entre eux?
Quel meilleure climat scolaire pour laisser libre cours à leur originalité et à leur fabuleuse capacité de création?
Au surplus leurs instituteurs, loin de compter leur temps comme dans certaines autres écoles, s’occupent de leurs élèves comme si c’étaient leurs propres enfants en leur consacrant jusqu’à la dernière demi-journée du trimestre pour élargir encore leur apprentissage.
En ont-il de la chance ces élèves de la Maison des enfants !
Bravo la Maison des Enfants de Buzet !
Docteur José Macq