Petite causerie pédagogique.

Aujourd’hui : mais qu’ont-ils derrière la tête ?

Depuis longtemps, je me demande quelles sont les vraies questions qui habitent les enfants et si l’école s’organise pour y répondre. J’ai déjà écrit à ce sujet que les enfants n’aiment pas les choses simples.

C’est un fait incontournable. Avec le temps, j’ai dû admettre que les questions scolaires n’intéressaient pas vraiment le jeune public qui fréquentait la noble institution. L’accord des participes passés, le volume d’un parallélépipède rectangle et l’alphabet ne font pas partie des priorités des mômes.

Ceci dit, ils sont aimables, car ils font semblant de s’y intéresser, pour nous faire plaisir.

Nous ne sommes pas dupes, et nous aussi, on joue le jeu. On s’évertue alors à multiplier les ruses pour que cela leur paraisse acceptable. Évidemment, certains d’entre eux n’entrent pas dans la danse et vous font savoir qu’ils n’ont pas d’intérêt pour ces questions de grandes personnes. Ceux-là, si on n’y prend pas garde, viennent assez rapidement augmenter les statistiques de l’échec scolaire. Pourtant, il arrive que ce soit eux qui interpellent le sens professionnel des enseignants. Nous tentons alors de « faire boire un cheval qui n’a pas soif », nous disait Célestin Freinet.

Mais alors, quelles sont les questions que se posent les enfants ?

Il y a peu, grâce à un devoir au choix, les grands élèves ont pu écrire ce à quoi ils croyaient quand ils étaient petits, mais aussi ce qui les questionnait depuis longtemps.

Je vous promets qu’aucun d’eux n’a parlé de calcul écrit ou de grammaire… En revanche, sont apparues des questions variées, disparates mais très sensées :

– Je n’arrive pas à comprendre que l’électricité arrive dans les maison avec deux petits fils !

– Je n’arrive pas à admettre que quand je serai morte, je n’existerai plus !

– Je me demande comment on peut recevoir de l’argent avec une carte de banque ?

– Je me demande d’où vient l’idée de l’argent ?

– Et la vie, elle vient d’où ?

– Quand il fait noir, est-ce que l’herbe reste verte ?

-….

Quand nous avons évoqué la manière d’y répondre, j’ai vu de l ‘énergie, de la vraie! L’un annonçait qu’il allait interroger son papy, l’autre un oncle banquier, un troisième un mathématicien,…

Ils m’ont sommé de leur trouver à chacun l’adresse d’une personne qui répondrait à leur demande. Nous avons trouvé les adresses d’un célèbre ministre, d’un célèbre religieux, d’un professeur d’astrophysique, d’un laboratoire vétérinaire,…et nous avons écrit.

En les regardant se débrouiller pour écrire et formuler leurs questions au mieux, je me suis posé une question, moi aussi, une vraie :

comment, au ministère et parfois ailleurs, osent-ils croire qu’ils sont capables d’inventer des questions qui vont intéresser les enfants ? Et en plus, qu’elles seront adéquates pour juger de leur intelligence ou non !

Mais cette question-là, je la garde pour moi, parce que dans ce cas, c’est un âne qui n’a pas soif que j’essaie de faire boire.

A méditer et à partager avec qui vous voulez.

JF Manil