Petite causerie pédagogique n°22
Aujourd’hui, ce qui motive à apprendre.
Lundi passé, nous recevions des invités. Il y avait trois étudiants et un professeur. Ils venaient découvrir « en vrai » ce qui est écrit dans les livres de pédagogie. De prime abord, ils m’ont dit qu’ils ne s’attendaient pas du tout à cela.
« A quoi ? », leur ai-je demandé ?
« A des enfants aussi indépendants, qui crient YOUPIE quand on leur annonce la dictée du matin, qui proposent de faire des calculs faussement difficiles, qui ne se moquent pas des erreurs des autres,… »
J’ai tout de même précisé que nous étions en janvier, qu’au mois de septembre, cette culture était peut-être moins évidente. Le paradis pédagogique n’existe pas ! Seules des pratiques en adéquation avec des valeurs choisies et posées mènent à de tels résultats, d’ailleurs toujours mis en cause.
Ce qui posait le plus question aux invités, c’était ce qui motivait les enfants à apprendre, car de manière visible, ils étaient motivés. Cette grande question de la motivation !
Alors, j’ai fait ce qui me paraissait le plus simple et qui allait vraisemblablement être le plus juste : je n’ai pas répondu !
En revanche, la question a été posée aux enfants. En quelques secondes, ils ont dit :
- on peut chercher, c’est pas les Messieurs ou les Madames qui expliquent et puis nous qui devons faire la même chose (dixirunt in extenso),
- on n’a pas peur de se tromper, puisqu’on ne se fâche pas sur nous,
- quand on se trompe, on peut recommencer. Parfois c’est dur, mais on sait qu’on va apprendre,
- on est libre et on peut choisir (mais on fait pas n’importe quoi),
- on peut dire qu’on n’aime pas,
- on peut proposer des choses qu’on aime comme un « Écrivez mieux que moi »,
- ….
Qu’on le veuille ou non, ce qu’ils ont dit constitue les éléments d’un modèle pédagogique. Je suis féru de lecture sur le sujet et, il faut l’admettre, très peu de pédagogues s’intéressent vraiment à ce qui se passe dans le cœur et la tête des enfants à l’école. Pourtant, les écouter nous offre des pistes évidentes pour motiver à apprendre. Cette position sera considérée comme invraisemblable pour nombre d’enseignants puisqu’ils savent ce qui est bon pour les autres. Elle le sera aussi pour quantité de chercheurs qui tentent de comprendre et de décrire sans vraiment accéder au monde des enfants.
Et pourtant, peut-on mettre en doute un enfant qui demande à commencer la journée par du « goutte à goutte chanson » (qui consiste à écouter une chanson française et à tenter de la recopier) alors qu’il commet encore de nombreuses erreurs ?
Donc, en résumé, il aime commettre des erreurs qu’il devra ensuite corriger?
Et il choisit de le faire ?
C’est vrai, difficile à croire !
A méditer et à partager avec qui vous voulez
Jean-François Manil
Je ne suis pas une fan de Johnny mais il me semble que cette chanson qui m’est venue en tête à la lecture de ta causerie va dans ton sens JF… J’ajouterais juste « qui font l’envie d’apprendre ». Quelle chance ils ont nos enfants ! Merci !
On m´a trop donné bien avant l´envie
J´ai oublié les rêves et les « merci »
Toutes ces choses qui avaient un prix
Qui font l´envie de vivre et le désir
Et le plaisir aussi
Qu´on me donne l´envie!
L´envie d´avoir envie!
Qu´on allume ma vie!
Sur la causerie… magnifique méthode!
Jules Ernoux, grand père notamment de Charlotte!