Aujourd’hui, la préhistoire en solidarité
Ce matin, la situation était quelque peu délicate. La neige tombe, les voitures glissent, le téléphone sonne, délivrant des messages d’absence.
Qui sera là? Quels enfants vont franchir la porte? Quels adultes arriveront à se déplacer? Les paris étaient lancés. Dans tous les cas, les enfants présents avaient le droit d’apprendre. Ajoutons que ceux qui allaient arriver au compte goutte devaient pouvoir s’intégrer aux activités et enfin, il fallait calmer les envies pressantes d’aller faire un bonhomme de neige.
Alors? Alors, la trentaine d’enfants présents s’est réunie dans le grand grenier pour faire un conseil. Lecture des mots de la boite à disputes, évocation des problèmes liés à la neige puis : « Qu’est-ce qu’on fait? »
Au tableau, je commence à écrire : Meruti vivait il y a quinze mille ans dans la région de Spy. Racontez sa première journée de chasse. L’histoire se déroulera en six pages et il doit y avoir deux informations tirées d’ouvrages historiques par page! Chacune des pages doit être illustrée.
Les groupes d’enfants sont formés en respectant un savant mélange : il faut qu’il y ait des rencontres et des discussions. Et la ruche se met en activité.
Un grand écrit, un petit recopie, un moyen fait une illustration, un quatrième choisit une information dans un livre et…on tourne. Chacun doit recopier, doit choisir une information, doit rédiger. Les aînés font corriger, les plus jeunes nous montrent fièrement leur « plus belle écriture »!
Dès lors, on parle. On parle de ces fameux hommes de Cro-Magnon. On se demande comment ils faisaient tenir les pointes sur les sagaies, on découvre que le feu est impossible à allumer avec deux silex, on cherche comment ils conservaient la viande, on….
En somme, on apprend en solidarité, avec des contraintes rigoureuses et précises mais laissant énormément de liberté. On apprend et on s’engage car on sait que chaque histoire sera lue mais aussi écoutée. Les critiques seront sévères car les informations historiques orienteront l’écoute et seront traquées.
Et ça fonctionne.
Mais cela n’arrive pas par hasard. Il FAUT des consignes claires, préparées et intéressantes. Il FAUT des ouvrages variés traitant du même thème qui permettront à chacun de s’intéresser aux écrits. Il FAUT des adultes attentifs à ce que chaque enfant se sente investi par la tâche. Il FAUT que le temps s’adapte aux apprentissages et il FAUT oser! Toute une culture!
Il est treize heures quarante. Les livres sont terminés.
Maintenant, nous allons réaliser un bonhomme de neige et peut-être même un igloo car, il faut bien l’admettre, les envies pressantes n’ont pas tout à fait quitté les enfants.
A méditer et à partager avec qui vous voulez.
JF Manil
Et c’est là que je me dis : zut le quartier n’a été dégagé que vers 14h….les enfants rêvaient d’aller à l’école, d’aller « à la maison des enfants »….
Bonjour. Je suis Maryline, maman d’une petite fille de 3,5 ans. Bientôt, son papa et moi nous demanderons l’inscription de notre fille à la Maison des Enfants. Au début, nous étions sceptiques, craignant un effet de mode – sans plus- d’une pédagogie différente des écoles traditionnelles. Puis, nous sommes venus écouter, regarder, apprécier, et participer à une réunion autour du « Chef d’oeuvre pédagogique ». Après à peine quelques dizaines de minutes, nos doutes étaient levés : c’est à la maison des enfants que nous demanderons l’inscription de Gabrielle lorsque nous serons installés à Buzet, dans 6 à 12 mois. Dès le lendemain de la présentation du processus du Chef d’oeuvre pédagogique, je m’inscrivais à la newsletter du site de l’école, puis je commandai les bouquins : « Penser la société à travers l’école » et « Agir dans l’école pour une autre société ». Olivier (le papa) et moi avons dévoré ces livres le jour où nous les avons reçus. Cela a renforcé notre conviction. L’exemple de ce matin dans le grenier m’inspire encore des compliments à vous transmettre : merci pour votre approche de l’enseignement !