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Causerie pédagogique n°27
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Petite causerie pédagogique n°27.

« Vague et nébuleux est le commencement de toute chose mais non sa fin. »K. Gibran

 

Cette phrase de Gibran devrait figurer sur tous les frontons des écoles fondamentales du monde, je dis bien du monde ! Hier, par exemple, les aînés étaient confrontés à trois problèmes mathématiques : « Montrez 1/3×1/2 » ou « J’en prends quatre puis j’en ai sept… » ou «  Je coupe en dix et j’en prends quinze,… ».

Je vous promets que les regards des enfants étaient vagues et nébuleux à la lecture des énoncés. Je vous promets aussi qu’ils l’étaient beaucoup moins après une heure de recherche. Mais pas pour tous et c’est sur ce point que je désire insister. Je pense qu’il faut faire le deuil des résultats identiques au départ d’une même activité pour tous les élèves. Je pense qu’il faut avoir la patience qui sied à toute personne qui s’occupe de faire apprendre. Tout ne devient pas clair et précis suite à une « bonne leçon » comme on les qualifiait quand j’étais à l’école normale. Voilà pourquoi c’est un leurre de croire que cinquante minutes suffisent pour faire le tour d’un savoir. Pourtant, c’est de cette manière que sont morcelées la majorité des journées dans les journaux de classe des enseignants. Mais alors que faire si cela reste « vague et nébuleux » pour certains ? Vraisemblablement, la meilleure chose est de resservir le plat avec une sauce différente. Vous avez déjà essayé de manger trois fois d’affilée quelque chose qui vous a déplu à la première fois ? Ce n’est pas très agréable, n’est-ce pas ?

Je donne deux exemples pour mieux me faire comprendre.

Le premier concerne «  J’en prends quatre puis j’en ai sept. ». La première réaction des enfants fut de dire « Ben t’en prends trois en plus et c’est fait ! » La seconde, savoureuse :«  Oui mais ça, venant de Jean-François, c’est trop simple ! » Bien sûr que c’était trop simple, ce sont les nombres décimaux qui m’intéressaient. Mais avec cette activité, je n’ai pas intéressé tout le monde, donc aujourd’hui, j’ai changé la sauce.

« Voici des bandelettes de papier. Elles valent une unité. Avec une paire de ciseaux, coupez-en une où vous voulez. Assemblez votre morceau de bandelette avec celui du voisin. Combien cette nouvelle bandelette vaut-elle ? » Et, surtout, comment écrit-on le calcul qui « explique »  ?

Vous l’avez compris, le plat principal n’a pas changé…

L’autre exemple maintenant. Le premier septembre arrive un enfant en première primaire. IL déteste colorier et tenir un crayon. Pas facile donc de lui apprendre les rudiments de la calligraphie. On pourrait forcer, se fâcher. C’est vrai, on pourrait. Sauf qu’alors, on le dégoûterait à coup sûr ! En effet, cet enfant est fébrile dès qu’il doit effectuer des gestes précis et posés. Comme nous disons volontiers, dans ce cas-là « Y a tout qui va pas!». Alors que faire ? Et bien, le laisser manipuler des objets variés pour construire des circuits de bille. Au début des circuits, tout était simple et instable ….Tout s’écroulait ! Aujourd’hui, toutes les pièces sont ajustées et les circuits de plus en plus complexes. Et même plus, l’enfant a écrit « Le » de sa plus belle écriture sur l’affiche de l’exposé sur les dinosaures. Que se serait-il passé si nous n’avions pas accepté que le début soit « vague et nébuleux » ?

A méditer et partager avec qui vous voulez.

JF Manil

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1 Comment to “Causerie pédagogique n°27”

  1. Charles Pepinster dit :

    Quand je vois un plafonneur en train de plafonner, je m’esbaudis: « Comment s’y prend-il, ce diable d’homme ? »
    Et ce diable de Jean-François, où va-t-il les chercher toutes ?
    Ces deux artisans sont partis du nébuleux, comme tout le monde, jusqu’à la maîtrise du geste x fois répétés, x fois amélioré.
    Ni l’un, ni l’autre ne pourraient plus faire nébuleusement ; c’est ça l’art.
    Charles

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