La Maison des Enfants
Apprendre en Solidarité à Buzet, BE
Petite causerie pédagogique n°28
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Petite causerie pédagogique n°28

Aujourd’hui, la gestion du temps.

Il est plus ou moins huit heures. Quatre enfants sont avec moi aux abords de l’école pour y cueillir des fleurs de fraisier sauvage. Le voisin passe et interpelle : « Alors, on va préparer un herbier ? »

Pas du tout. J’ai prévu de leur faire faire du dessin scientifique puis d’étudier deux pages d’un ouvrage de la collection Tavernier qui traite de l’origine des fruits.

Il est plus ou moins huit heures et demie. Je suis en compagnie de vingt-deux élèves âgés de 9 à 12 ans et j’écris le programme de la journée. Après quelques minutes, dix élèves entrent : « Madame de langue n’est pas là. On fait quoi ? » Et là, ça commence…

  • June et Leîa pourraient nous donner cours de néerlandais…
  • Moi j’ai un devoir au choix sur de la géométrie. Il faut tracer un arc de cercle avec un compas, puis…
  • Moi, j’ai des trucs à vous raconter sur le Cambodge…
  • Moi, j’ai préparé des exercices sur les pourcentages que papa m’a montrés…
  • Moi, j’ai expliqué la technique du x 11 à la maison et je voudrais en montrer un très difficile à tout le monde…

Les nouveaux arrivés se font rappeler de manière énergique qu’on ne va pas tout changer parce que «  Nous, on veut faire du dessin scientifique et qu’en plus c’est pour apprendre les fruits ».

Toutefois, deux enfants proposent d’aller cueillir de nouvelles fleurs pour intégrer les grands à l’activité. Ainsi fut fait. A ce moment, il y avait trente-deux enfants dans le local.

 

Certaines personnes, qui n’ont pas beaucoup d’autres choses à faire, disent encore de la Maison des Enfants que les élèves y font ce qu’ils veulent et qu’ils décident ou non d’apprendre. Quelle interprétation bizarre d’attitudes tant recherchées et même vantées dans certains milieux : prise d’initiative, audace, proposition énergique, investissement dans la tâche, partage d’expérience et même très grand respect des contraintes matérielles. Parce qu’il faut en avoir des qualités pour envisager de quitter l’habitude comme cela, sans avertissement avec en plus la capacité de meubler le temps qui se libère. Ceci dit, cela n’arrive pas tout seul. Les enfants sont confrontés tous les jours à cette démarche parce que nous considérons qu’elle est indispensable. Il est devenu inconcevable, au vu des défis qui les attendent, de continuer à les éduquer dans la passivité, l’attentisme et l’exécution.

Ah, mais voilà, c’est peut-être cela que les gens veulent dire. Je devais avoir mal compris….

A méditer et à partager avec qui vous voulez…

JF manil

 

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2 Comments to “Petite causerie pédagogique n°28”

  1. Dominique Bastin dit :

    merci pour ces petites réflexions tout à fait judicieuses !

  2. Arilou dit :

    Moi, je dis bravo !
    Je suis coordinatrice pédagogique (enseignement secondaire) à Bruxelles et je me suis inscrite à votre newsletter pour vous piquer des bonnes idées 😉

    Une admiratrice

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