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Petite causerie pédagogique n°31
Categories: Actualités

Petite causerie pédagogique n° 30

Aujourd’hui : « Au delà des médias… »

Note : cette trentième causerie est rédigée à quatre mains ; les miennes et celles de Léonard Guillaume, Instituteur à Saint-Gérard.

Le tapage a commencé dans certains médias populaires. Tous, à peu près, y vont de leur couplet : « Pour aider votre enfant à réussir son « C.E.B. », nous vous imprimons des exercices à effectuer à la maison. »

Derrière l’évidence, plusieurs questions se posent :

  • « Est-ce donc vraiment une intention pédagogique et altruiste qui les anime ? »

  • « Quels sont les mauvais parents qui oseraient éviter cette aide providentielle ? »

  • « Quelle est la posture pédagogique véhiculée par ces publications? »

Ce qui est vraiment interpellant, c’est la posture médiatique qui semble être complètement démunie du minimum de sens critique et éthique. Si leur discours devait être pris pour argent comptant, cette Epreuve Externe Obligatoire (qu’ils confondent avec le Certificat d’Etude de Base, délivré par une commission interne liée à chaque pouvoir organisateur) serait unanimement acceptée, partagée, voire vouée au rang de mérite régional.

A notre tour de questionner ce qu’il y a au-delà des médias.

° N’y a-t-il pas une intention de profit et volonté de leurre par la position dans laquelle ils mettent le lecteur dès lors qu’ils s’inspirent largement d’éditeurs scolaires ciblés?

° Qui sont-ils pour soutenir et orienter une politique éducative en insistant sur la compétition et en favorisant le stress parental et, ce faisant, juvénile ?

° Quelle est la part d’objectivité d’un média qui ne présente que cette conception, unique et univoque, de la finalité de l’enseignement fondamental ?

Nous affirmons que nombre d’acteurs de l’éducation (parents, enseignants, éducateurs, chercheurs) critiquent cette épreuve tout autant que le relais médiatique qui lui est accordé.

Globalement, nous pensons que le transfert de l’activité scolaire dans le champ familial n’est pas sain ; ni pour l’enfant, ni pour les parents, ni pour les enseignants eux-mêmes.

  • Les repères affectifs que se construit chaque enfant sont mis à l’épreuve dès lors que ses propres parents deviennent « enseignants ». Les questionnements hors du contexte scolaire perturbent la plupart des enfants. Ils risquent, voulant montrer le meilleur d’eux-mêmes, d’être déforcés voire discrédités aux yeux des personnes qui représentent les repères identitaires. Le conflit de loyauté se profile.

  • Les repères scolaires des parents, construits essentiellement par leurs vécus respectifs, viennent percuter les réalités pédagogiques contemporaines. Ces dernières s’ancrent dans un réel fait d’incertitudes, de questions de « vivre ensemble » fondamentales, de défis planétaires, d’évolutions sociétales et identitaires qui nous étaient inconnues il y encore peu de temps. Le conflit de génération guette.

  • Le crédit à accorder au métier d’enseignant s’amenuise dès lors que ces derniers acceptent que des profanes s’emparent de leur profession. L’école n’est-elle pas l’endroit le plus adéquat pour y effectuer des apprentissages avec l’aide de professionnels de la pédagogie ? Le conflit de notoriété est installé.

Par ailleurs, nous pensons que jamais une épreuve standardisée ne pourra être pensée dans la perspective d’évaluer la capacité d’un enfant à prendre sa vie en main dans la suite de sa scolarité.

Nous ajoutons qu’au-delà de la scolarité, l’école doit en tout premier lieu utiliser sa structure pour favoriser chez chaque élève l’apparition d’une personnalité riche, complexe, tenace,critique ET solidaire. Voilà une perspective qui nous éloigne de loin de la pauvre image que les médias donnent actuellement du rôle que les instituteurs sont sensés tenir. Notre société qui a bien besoin d’autres repères  que ceux légués par le modernisme de la fin de XIX siècle!

PS : pour l’heure, des Chefs-d’oeuvre pédagogiques ont été présentés dans nos écoles respectives. Ils étaient stupéfiants de vitalité enfantine, d’initiatives individuelles, de plaisir partagé, de connaissances complexes.

Mais cela, ce ne sera pas relayé dans la presse ! Il faudrait d’abord qu’elle quitte le sens commun et s’accorde un peu plus de curiosité qui, si elle en usait, ne serait pas un vilain défaut !

A méditer et à partager avec qui vous voulez !

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3 Comments to “Petite causerie pédagogique n°31”

  1. Ethel la maman de Charlotte dit :

    Et pourquoi ne pas essayer de faire venir des journalistes à un chef d’oeuvre pour toutes les bonnes raisons indiquées dans l’article ? Je pense que monsieur et madame tout le monde ne pensent même pas qu’il est possible de quitter le moule scolaire….
    J’envoie illico cette causerie à ma cousine journaliste et on verra !!! Bon long we à tous !

  2. Th. Jeunejean dit :

    Bravo !
    Et d’accord avec vous depuis bien longtemps !
    Th. Jeunejean (qui n’a plus qu’un orteil dans son ex-gazette mais essaiera tout de même de mettre le sujet au menu de mai prochain ! Promis !)

  3. Th. Jeunejean dit :

    Bonjour Jean-François, G. Guillaume et les 6ès !

    Je viendrai (mercredi prochain et une fois en juin) pour un reportage sur le chef d’œuvre.
    Je voudrais aussi rencontrer les élèves pour qu’ils me parlent de comment ils le conçoivent, ce qu’ils en pensent etc…
    A voir avec vous quand cela serait possible. J’attends vos propositions d’un second moment (pour échanger donc, plus pour écouter). Merci.

    Le Ligueur publiera si pas le 10 juin (c’est un peu juste pour la rédaction et peut-être un peu tard pour en débattre), en tous cas l’an prochain, dès qu’il sera à nouveau question de CEB par exemple. C’est acquis !
    Belle journée à tous !

    Th. Jeunejean

    Petite question concrète : à quelle heure faut-il être là ?

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