Petite causerie pédagogique n°31

Aujourd’hui : bientôt la rentrée.

Chères lectrices, chers lecteurs,

La Maison des Enfants se rappelle à vous. Et de belle manière !

« POUR LA MAISON DES ENFANTS,

plein de BISOUS et D’AMITIES !

Renaud »

Car, si vous lisez la signature de la carte postale (Fac simile), vous ne resterez pas insensibles au signataire. Autant que l’Auteur ne le fut aux lettres écrites par les élèves au sujet de sa chanson « C’est quand qu’on va où ? »

Vous avez sûrement entendu parler du « goutte à goutte chanson ». Une chanson est choisie, nous l ‘écoutons, puis nous essayons de la réécrire sans erreur orthographique. En somme, traditionnellement, cela s’appelle une dictée. Il existe toutefois quelques différences fondamentales. D’abord, ce n’est pas nécessairement l’adulte qui choisit la chanson. Ensuite, chacun peut demander à la réécouter autant de fois qu’il le veut. Puis, on partage, tant au sujet de l’orthographe que du contenu. Souvent, on se renseigne au sujet de l’auteur ou de l’interprète. A chaque fois, nous la chantons (parfois accompagnés d’un pianiste). Cette fois-ci, les enfants ont été invités à choisir un passage qu’ils appréciaient et à rédiger un commentaire à ce sujet. Mais ATTENTION, « C’est pour de vrai car nous enverrons vraiment les lettres à l’auteur ».

Dans le chef des enfants, le simple fait d’envoyer vraiment leurs petits mots écrits de leur « plus belle écriture » provoque un ravissement énorme. Qui ne connaît pas Renaud ?

Et puis arrive la question du sens : « Tu crois qu’il va les lire ? Et nous répondre ? »

Il m’est impossible de donner la réponse. Je ne le connais pas et Lui ne nous connaît pas non plus.

Je réponds en disant : « Nous verrons. Je pense que l’important c’est d’écrire et de partager. D’ailleurs, je vous remercie car personne n’a éludé l’activité. C’est que la chanson vous a plu. »

En mon for intérieur, j’espérais tout de même. Jusqu’à présent, tous les auteurs de littérature jeunesse, les savants, les philosophes avaient répondu à nos questions et commentaires. Mais nous n’avions jamais envisagé faire l’identique avec un monument de la chanson française.

Comme vous venez de le comprendre, il n’y a de Monument que ceux qui restent sensibles aux appels lointains et presque anodins.

J’ai toujours cru profondément que dans l’Ecole, il fallait ancrer le Savoir dans la Culture. Surtout ne pas le scolariser.

Sans le vouloir, uniquement par respect pour les enfants qui lui ont écrit, Renaud vient de faire vivre sa chanson :

« Quand j’s’rai grande j’veux être heureuse,
Savoir dessiner un peu,
Savoir m’servir d’une perceuse,
Savoir allumer un feu,
Jouer peut-être du violoncelle,
Avoir une belle écriture,
Pour écrire des mots rebelles
À faire tomber tous les murs !
Si l’école permet pas ça
Alors j’dis « Halte à tout ! »
Explique-moi, Papa
C’est quand qu’on va où ? »

Un des marmots avait d’ailleurs choisi cette partie en me disant : « Ça ressemble quand même à notre école.»

A méditer et à partager avec qui vous voulez.

JF Manil

PS : la carte originale manuscrite aurait pu être scannée et publiée. J’ai choisi de la laisser dans l’intimité. C’est une histoire entre Renaud et les Enfants.