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Petite causerie pédagogique n°38
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Petite causerie n°38

Aujourd’hui : écouter la radio, ça aide.

Vendredi, je me laissais conduire et j’écoutais la radio. J’étais bercé par la voix du journaliste quand un des chroniqueurs a livré sa pensée. Ce dernier exploitait la personnalité de Raymond Devos pour attirer notre attention sur les critères qui font qu’une vie est bonne, sur la rigueur et l’exigence qu’il faut développer pour éviter la médiocrité, sur l’importance de l’attention à porter aux autres en évitant le piège de l’intérêt, sur, enfin, le sens des mots « gentil et gentillesse ».

Je n’étais plus bercé, j’étais réveillé. Car, tout le discours de cet homme me faisait invariablement penser à ce que doit être l’école pour les enfants et les parents qui la côtoient. Je me réentendais dire à un papa un peu désespéré devant le malheur scolaire de son gamin : «  Tu sais, avec le temps, je crois que mon seul rôle, c’est d’offrir un peu de paix et de bonheur aux gens qui viennent à l’école. Tant pis pour ceux qui ne le comprennent pas.»

Joseph, c’est le prénom du chroniqueur, nous faisait une leçon de pédagogie. Avec une précision d’orfèvre, il mettait à jour toutes les qualités que l’école d’aujourd’hui devrait avoir. Une phrase résume son discours : «  C’est un long chemin de compréhension ». En effet, l’école devrait être cela, un cheminement, qui nécessite du temps, pour prendre et apprendre pour soi, mais avec les autres.

Mais j’en reviens à l’émission. Car, outre le chroniqueur, le journaliste avait choisi de développer les événements survenus à Little Rock en 1957. Cette aventure incroyable qui vit neuf jeunes gens à la peau foncée s’inscrire dans une école d’autre jeunes gens à la peau claire. Il fallut un peloton de l’aéroportée, des paras, pour qu’ils puissent entrer, et même sortir du bâtiment. Tout cela alors que la loi imposait cet accès. Donc, je résume, la loi était faite pour accepter, accueillir et favoriser l’hétérogénéité au sein des établissements scolaires, mais les habitudes contraires étaient plus fortes. A mes yeux, peu de choses ont réellement changé. La loi ne demande pas à l’école obligatoire de sélectionner, pourtant les habitudes poussent à le faire à tour de bras. Une chose diffère tout de même : à l’époque, ces neuf jeunes gens faisaient partie d’une « minorité ». Actuellement, les gamins en perdition ou en opposition dans une école de moins en moins aimable, je pense, commence à fonder une majorité. Il faut, pour s’en rendre compte, s’intéresser aux statistiques. Ou vivre au jour le jour depuis vingt et un ans dans une école qui tente l’improbable.

Et ce journaliste, qui engage les auditeurs sur de telles voies ? Et bien, à nouveau fruit du hasard, il faisait l’objet d’une interview cette semaine dans un magasine bien connu des téléspectateurs. Et devinez ? Il s’ouvre sur sa perception de l’école qu’il dénonce comme incapable d’accueillir les enfants tels qu’ils sont maintenant, construite sur des modèles obsolètes. Il parle même de lutte pédagogique. Je crois qu’il a un sens de l’observation affiné ou peut-être un bagage d’expériences propres ou différées pleines de sens ou encore les deux à la fois. Levons le voile maintenant. Le chroniqueur se prénomme Joseph. Sa voix ne trompe pas. Il sait ce qu’est la différence et en parle avec élégance et grande intelligence. Le journaliste se prénomme Jérôme. Il a tout autant d’élégance et ne pratique pas l’ironie.

Et moi, je suis Maître d’école et je remercie Jérôme d’être journaliste , Joseph d’être chroniqueur, et d’avoir ce courage, mais peut-être ne le savent-ils pas, d’afficher ainsi leurs pensées au sujet de l’école actuelle.

A méditer et à partager avec qui vous voulez.

JF Manil

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3 Comments to “Petite causerie pédagogique n°38”

  1. Robert et Claudia Sieber dit :

    Merci pour ce partage qui nous fait entrevoir de petits coins de ciel bleu et qui nous fait encore et encore croire à la contagion!!!!

    Claudia et Robert

  2. Gérard Véronique dit :

    Chouette partage. Merci
    Véronique

  3. Lamproye Catherine dit :

    Jérôme et Joseph : deux belles personnes, ainsi que toutes celles qui œuvrent pour une école pour tous…

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